5. Une conception inclusive du programme et de l’apprentissage, de la facilitation du travail et des appuis à la recherche

NDA 2022 - panelist images: Inclusive Curriculum and Learning Design, Work Facilitation, and Research Supports

La deuxième séance a été consacrée à la recherche de moyens d’abandonner les milieux d’enseignement et de recherche qui forcent les personnes ayant des handicaps à demander des mesures d’adaptation individuelles pour privilégier des milieux dans lesquels les classes et les environnements de recherche sont déjà anti-capacitistes et inclusifs. Les panélistes ont exploré les principes d’inclusion intentionnelle et de conception universelle, les limites potentielles de la conception universelle, le problème de « lassitude à revendiquer l’accès » et certaines façons de créer des environnements d’enseignement, d’apprentissage et de recherche plus inclusifs et plus accessibles dans les établissements. 

Les limites du modèle d’adaptation actuel

Un panéliste a remarqué que le modèle actuel d’adaptation perpétue un modèle de déficit dans son approche des étudiants ayant des handicaps. Ce modèle suppose que les étudiants qui ont des handicaps ont un manque à combler et ont besoin d’une intervention pour accéder à une conception dominante. Exiger que les étudiants fournissent de la documentation pour obtenir une mesure d’adaptation peut constituer une pratique de dépersonnalisation.

Le modèle d’adaptation actuel favorise la déresponsabilisation et l’impunité de la part des professeurs à l’égard du soutien aux étudiants ayant des handicaps, qu’on peut aussi qualifier de culture de réorientation. En cas de problème d’accès, l’étudiant est souvent dirigé vers une personne spécialisée en accessibilité. Au lieu de former les professeurs à un enseignement inclusif, on oriente automatiquement l’étudiant vers quelqu’un qui « gérera » la question de l’accessibilité.

Un autre panéliste a avancé qu’en vertu d’un modèle d’adaptation individuel, les budgets des services d’accessibilité ne sont pas pérennes à de nombreux égards. À l’heure actuelle, les fonds sont affectés à des besoins d’accès individuels, sans tenir compte des changements systémiques nécessaires. Il faut injecter plus d’argent dans la formation et les possibilités pour que les professeurs réfléchissent aux changements à apporter à leurs méthodes d’enseignement afin de les rendre plus inclusives. Les professeurs ont également besoin de soutien matériel et de mesures incitatives pour réaliser ce travail. En l’absence de mesures de soutien institutionnel généralisées, les impressionnants besoins d’accès réclamés individuellement par les étudiants contribuent à l’épuisement professionnel des professeurs. 

Nous investissons des sommes énormes dans les mesures d’adaptation, sans envisager de modifier nos modes d’enseignement et d’apprentissage. – Frederic Fovet

Les promesses et les défis de la conception universelle de l’apprentissage

La conception universelle de l’apprentissage (CUA) est un cadre d’enseignement qui vise à créer des environnements accessibles, accueillants et inclusifs pour tous les apprenants, y compris les étudiants qui ont des handicaps ou des troubles d’apprentissage. C’est la conception inclusive qui garantit une relation authentique, car elle tient compte des besoins uniques d’ordre culturel, social et autres, qui dépassent ceux des usagers soi-disant « typiques ». Par exemple, une pratique de CUA consiste à fournir de l’information sous de multiples formes comme le texte, les images, les enregistrements vidéo ou audio. Une autre consiste à fournir le sous-titrage, la transcription ou les descriptions audio du contenu multimédia.

L’intégration de la conception universelle aux cours n’est pas sans défis. Les professeurs devront peut-être adapter leurs approches à la CUA lorsqu’un apprenant demande inopinément de combler un besoin nouveau ou différent. Sur bien des campus, la mise en oeuvre de la conception universelle repose sur une seule personne ou un petit comité. L’enseignement et l’apprentissage accessibles exigent de la créativité et du travail supplémentaire.

La CUA peut être difficile à mettre en oeuvre, notamment lorsque la responsabilité de rendre les cours accessibles incombe à des individus, par exemple l’instructeur d’un cours. Un panéliste a donné des exemples d’une pratique d’accès collectif pour inviter les étudiants et professeurs à partager leur travail d’accessibilité et de conception universelle. Certains campus possèdent de vastes populations d’étudiants, et dans une telle situation, la gestion et la mise en oeuvre de la conception universelle peuvent se révéler un défi de taille. Les établissements postsecondaires sont souvent immenses, fragmentés et bureaucratisés. Peu de recherches démontrent comment orienter les campus dans le changement.

Enfin, on peut affirmer que la conception universelle fonctionne jusqu’à ce qu’elle ne fonctionne plus, c’est-à-dire qu’elle n’élimine pas tout à fait les besoins d’adaptation individualisée. À cet égard, elle n’est pas véritablement « universelle ». Les établissements postsecondaires doivent en faire plus pour accueillir ceux qui ont des besoins d’accès non anticipés. 
 

 


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