Observations Finales

Nous tenons à tous vous remercier d’avoir participé aux dialogues. Nous avons vécu deux journées extraordinaires. Au nom de tous les membres de l’équipe d’organisation, nous sommes très privilégiés que l’Université de Toronto ait eu le plaisir de tous vous accueillir dans le cadre de cet événement virtuel.

Comme nous vous l’avons dit au début, notre groupe de l’Université de Toronto a participé à cet événement avec un profond sentiment d’humilité, sachant que nous faisons notre part, mais qu’elle ne suffit pas. Nous voulions nous unir à d’autres pour partager nos convictions sur une communauté universitaire juste et inclusive et voir comment nous pourrions travailler ensemble.

Nous pouvons affirmer que l’expérience nous a été bénéfique. En réunissant un groupe de personnes aussi engagé pour aborder la question du racisme anti-Noir et de l’inclusion des Noirs, nous avons enrichi notre compréhension, nos connaissances et nos idées sur le processus à privilégier. Ainsi, au nom de l’Université de Toronto, nous tenons à tous vous remercier de cette occasion et d’avoir cru qu’ensemble, nous pouvons faire quelque chose de concret et de percutant.

Nous espérons que les quelques derniers jours ont aussi été précieux pour vous, qu’ils ont été productifs et que vous les avez trouvés enrichissants. Ils vous ont certainement permis d’entendre de nombreuses vérités, dont certaines inacceptables pour les établissements, mais qui définissent tout de même la vie de nombreuses personnes dans le quotidien de nos communautés. Il nous incombe d’applaudir tout le monde pour leur courage à partager et leur volonté à travailler ensemble à vaincre ces difficultés et à essuyer ces taches sur la conscience de notre société, ainsi que pour nous rappeler ce que notre mission doit être.

Ces dialogues nous ont permis de reconnaître ces vérités et de nous lancer dans une introspection et une réflexion critiques qui nous mettent sur la bonne voie pour nous excuser, de nous améliorer ou de rehausser ce que doit être notre mission. Les débats démontrent la richesse de la communauté et l’importance de l’inclusion. Chaque personne présente a contribué à cette compréhension commune, mais quitte également ces dialogues enrichie par ce qu’elle a tiré de la présence de divers participants.

Si nous cherchons des preuves palpables de ce que signifie l’excellence inclusive, les quelques derniers jours nous ont démontré ce à quoi nous pourrions ressembler et ont prouvé que nous pouvons amplifier nos acquis en regroupant diverses personnes dans un même espace, avec l’objectif singulier de faciliter l’excellence inclusive.

Ces derniers jours, les participants ont fait valoir que l’inclusion et l’excellence ne s’opposent pas. En fait, ces notions sont tout sauf opposées, et elles peuvent se combiner et s’intégrer pour améliorer ce que nous sommes : ceux qui sont aux marges de la production des connaissances, ceux qui cultivent les futurs dirigeants, ceux vers qui la société se tourne, pour faire progresser ce qui fait de nous une communauté visionnaire et autonome. Il ne peut y avoir de meilleure expression de l’excellence inclusive que ce que nous avons observé ces deux derniers jours.

Il sera important de poursuivre sur notre élan après la fin de ces dialogues, de réseauter et de nous mobiliser en appui aux principes et aux objectifs que nous avons entendus pendant ces débats. C’est cet élan qui nous permettra de maintenir notre impulsion. C’est cet élan qui nous garantira que les principes et les actions découlant des débats soient soutenus par nos mécanismes de responsabilisation.

La responsabilisation n’est pas chosifiée. Elle est rendue possible par les personnes qui y croient et la défendent. Nous sommes le peuple, nous sommes ceux qui appartiennent à diverses associations, à diverses disciplines, nous sommes ceux qui créent les cursus, qui orientent les décisions. La majorité des personnes qui se trouvent ici sont peut-être aux marges de ces processus, mais si nous mobilisons l’ensemble de notre communauté, nous pouvons tous changer les choses, selon l’endroit où nous nous trouvons et à notre mesure. Ensemble, nous pourrons ensuite provoquer des changements percutants.

Certains se sont demandé pourquoi la charte s’appelle Charte de Scarborough. Une partie de l’explication est simple. Comme vous le savez tous, une grande partie du travail de planification et de logistique des dialogues a été effectuée au campus de Scarborough de l’Université de Toronto. Si nous nous rencontrions en salle, vous seriez tous venus à Scarborough pour participer à ce processus. Sur un plan plus fondamental et symbolique, Scarborough – seulement par hasard ou par coïncidence géographique et par la réalité du groupe démographique dont nous parlons – recense un grand nombre de personnes noires. C’est également l’une des communautés les plus diversifiées du pays.

Ainsi, au vrai sens du terme, Scarborough, par son emplacement, représente les expériences des gens qui comptent dans cet échange et reflète la diversité. Cette ville symbolise aussi notre engagement à reconnaître et à honorer les membres de communautés comme celles-là. Scarborough, tout comme la communauté noire du Canada, est marginalisée. Le nom de la charte représente un engagement à élever cette communauté et à affirmer que la population qui habite ici « mérite une place dans cet échange et reflète les nombreuses communautés noires au pays, d’un océan à l’autre, aux prises avec les réalités dont nous avons parlé ensemble ».

Il est également important de préciser que notre travail a une portée nationale. Ainsi, la Charte de Scarborough est ancrée dans un lieu et une expérience, mais est amplifiée sur la scène nationale.

Ensemble, nous avons travaillé à la création conjointe de cette charte qui mobilisera et mènera nos établissements, grâce à la responsabilisation, vers les valeurs d’équité, de diversité, d’inclusion et d’excellence inclusive. Tirons parti de ce moment. Avant qu’ils rentrent chez eux, je tiens à remercier tous les participants des quatre coins du pays d’être avec nous aujourd’hui et de participer à ces échanges. Je remercie les experts et les participants de leur apport, de leurs innovations sur place et du partage de leurs points de vue sur leurs expériences. Nous remercions aussi le comité de planification d’avoir consacré son temps à la préparation de ces deux journées, d’avoir facilité ces conversations concrètes et riches lors de chacune des séances et de s’être assuré que les échanges visent à provoquer un changement systémique, y compris les principes, les actions et la responsabilisation.

La création de la charte, lancée hier, sera un processus participatif et transparent. Theresa Rajack-Talley nous a demandé à tous comment définir des établissements transformatifs, et nous voulons un secteur transformatif audacieux, novateur et prêt à s’engager dans un changement systémique tout en étant responsables envers les étudiants et les communautés. Pendant la séance plénière, nous avons tous découvert les principaux éléments de la Charte de Scarborough, auxquels nos établissements peuvent adhérer et en épouser les principes, les actions et la responsabilisation.

Tout au long de ce processus, vous avez tous pu participer à l’élaboration de la charte. Nous voulons continuer d’avoir de vos nouvelles. La semaine prochaine, vous recevrez un sondage vous demandant vos commentaires, et nous pourrons les intégrer aux débats pour éclairer la charte.

Lors de la prochaine étape, les coresponsables et les experts décortiqueront les débats. Nous collaborerons avec le comité consultatif interinstitutionnel et ferons appel à vous. Puisqu’une charte ne peut être rédigée par plus de 3 000 personnes, ce travail sera effectué par un groupe plus modeste, représentatif des divers échanges des derniers jours. La version préliminaire vous sera transmise pour que vous puissiez tous la commenter et avoir un droit de regard, et elle sera également distribuée à nos partenaires extérieurs.

Une fois cette phase terminée, nous inviterons nos partenaires institutionnels qui se sont engagés à signer les objectifs de la charte, afin de nous assurer qu’à un moment ou à un autre, dans un avenir rapproché, nous serons en mesure de concrétiser tout ce sur quoi nous avons tant travaillé ces derniers jours.

Nous n’avons toutefois pas besoin d’attendre la charte pour entreprendre le travail dont nous avons parlé. Ces deux journées vous ont permis d’apprendre, de constater les pratiques exemplaires, de déterminer ce que vous pouvez entreprendre dès maintenant, pendant même que nous collaborons à la formulation d’une charte. Nous pouvons créer dès maintenant, créer l’équité dans nos pratiques et nos processus en fonction des principes des droits de la personne. Le travail peut commencer dès maintenant auprès des étudiants, des professeurs et du personnel, afin d’élaborer des recommandations en vue des changements structurels requis, de nous assurer de créer des échéanciers fermes. Nous espérons que vous adhérerez tous à ce réseau pour transformer le secteur et être véritablement inclusifs. Alors, allez de l’avant et faites ce qu’il faut pour lancer le mouvement, parce que ce travail est nécessaire et que la cause est juste. L’importance de l’excellence inclusive ne fait aucun doute.

Nous avons l’obligation d’agir, et cette obligation est animée par l’impératif de faire ce qui est juste. Il est absolument essentiel d’incarner un éthos d’excellence inclusive et d’en devenir les partisans les plus déterminés, ce qui nous donnera le courage de faire ce qui est juste et de nous y tenir, d’avoir l’humilité d’être des organisations d’apprentissage dans le véritable sens de la chose. La volonté de modifier les structures, les processus, les pratiques et les cultures, et l’ouverture de trouver des espaces pour vivre d’autres expériences, perspectives, formes d’excellence et moyens de savoir, au-delà de ce qui occupe la place d’honneur, nous permettront de devenir de meilleurs établissements et un meilleur secteur, capables de servir des communautés dignes d’équité et toutes les communautés en général, du mieux possible.

Nous devons avoir l’audace de brouiller les cartes pour le bien commun afin de nourrir, de soutenir et de promouvoir l’excellence inclusive. Les actions ne se mettront pas en oeuvre toutes seules. Elles ne demandent qu’à être libérées. Nous devrions donc aller de l’avant, individuellement et collectivement, pour faire notre part à titre d’agents des changements nécessaires pour activer une excellence inclusive fondamentale, et non pas pour nous limiter à la rhétorique de la version « réconfortante ».

Ce n’est pas la fin des dialogues sur le racisme anti-Noir et l’inclusion des Noirs. Ils se poursuivront d’autres façons et sur d’autres tribunes. À l’Université de Toronto, nous nous engageons non seulement à faire notre part pour poursuivre ces échanges, mais également pour favoriser le type d’actions que nous devons tous considérer comme nécessaires.

 

coorganisateur des Dialogues nationaux, Wisdom Tettey,
vice-recteur, Université de Toronto, et directeur, Université de Toronto à Scarborough

 

la coorganisatrice des Dialogues nationaux, Karima Hashmani,
directrice générale, Équité, diversité et inclusion, Université de Toronto

 


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