Les attentes et les résultats

Karima Hashmani
Karima Hashmani, directrice générale, Équité, diversité et inclusion, Université de Toronto

Nous sommes à un moment décisif de l’histoire, où nous avons été témoins des morts absurdes de George Floyd, de Breonna Taylor, de Regis Korchinski-Paquet, d’Ahmaud Arbery et de tant d’autres hommes et de femmes noirs. Le tragique verdict dans la cause de Breonna Taylor nous a tous frappés. Nous avons constaté les effets démesurés de la pandémie de COVID-19 sur la communauté noire. Ces injustices témoignent de systèmes ancrés dans la discrimination.

En qualité de femme racisée et de colonisatrice, qui ne vient pas de la communauté noire, j’ai profité des privilèges de nos systèmes auxquels d’autres n’ont pas accès et je porte également une responsabilité. Aujourd’hui, je suis ici non seulement pour écouter et tirer des enseignements des extraordinaires chefs de file noirs de divers milieux, mais comme bon nombre d’entre vous, je suis ici pour accomplir le travail, pour examiner les possibilités de perturber nos systèmes, pour réévaluer nos pratiques afin de les rendre inclusives et accessibles et pour revoir des structures qui continuent d’ignorer toute la communauté.

Comme Wisdom l’a souligné, il faut un effort collectif pour modifier des systèmes comme nos structures, nos pratiques de recrutement, notre mentorat et nos progrès, de même qu’un programme pour trouver des solutions ensemble. Nous avons tous des droits, mais nous n’y avons pas tous accès ou nous ne pouvons pas tous y accéder de la même façon. Nous devons tous chercher à comprendre les obstacles en place. C’est aujourd’hui l’occasion idéale de déterminer des actions pour éliminer les obstacles et créer des possibilités délibérées et des changements concrets et durables.

Aujourd’hui, nous voulons saisir l’occasion d’organiser un dialogue national d’un océan à l’autre avec de multiples membres dévoués de comités et plus de 3 000 participants, et formuler des recommandations concrètes en vue de changements pour l’inclusion des étudiants, du personnel, des professeurs et des membres de la communauté noirs au sein de nos établissements. Non pas d’après un modèle de déficit, mais un modèle de responsabilisation, dirigé par la communauté noire elle-même.

Nous avons établi un cadre que j’aimerais vous transmettre pour nous orienter tout au long de ce dialogue, en vue de créer conjointement une charte nationale dotée de principes, d’actions et de responsabilités afin de mettre un terme au racisme anti-Noir et de promouvoir l’inclusion des Noirs.

Aujourd’hui, dans le cadre des neuf séances concomitantes, nous allons nous pencher sur des défis, des possibilités et des obstacles. Pendant nos échanges, nous espérons que vous pourrez réfléchir au principe en cause, par exemple, pour s’assurer que chacun aura la possibilité d’accéder à l’éducation, et à la manière d’utiliser cette approche fondée sur les droits pour orienter la Charte de Scarborough. Les échanges seront suivis par des actions, et ces actions s’inscrivent dans ces principes et sont essentielles au changement. Enfin, nous planifions de nous pencher sur la responsabilisation. Comme nous le savons tous trop bien, nous pouvons contracter des engagements, mais ne jamais les respecter, c’est pourquoi nous devons mettre des mesures de responsabilisation en place.

La deuxième journée sera composée d’un suivi des délibérations d’aujourd’hui et sera consacrée à la mise en oeuvre des objectifs et des actions et à la préparation de la charte. Nous devons réfléchir aux actions institutionnelles et sectorielles, sans oublier les actions personnelles, qui sont aussi indispensables. À ces trois égards, nous devrons peut-être relier nos obstacles et nos possibilités avec nos actions pour créer le changement. Par exemple, nous devons réfléchir à nos structures institutionnelles, nos organes décisionnels, nos comités de direction et nos conseils d’administration si nous envisageons d’effectuer des changements de politiques. Nous devons revoir nos pratiques en ressources humaines lorsqu’il sera question de recrutement.

Réfléchissons toutefois à notre échéancier. Si nous n’en établissons pas un et si nous affirmons qu’il faut trop de temps pour promouvoir et mettre ces actions en branle, c’est un prétexte à l’inaction. Nous voulons nous assurer d’intégrer notre échéancier à nos actions. Nous voulons nous assurer que les mécanismes de responsabilisation et les mesures de nos progrès et des changements en font partie, car ils sont importants. Nous devons continuer de bâtir la confiance et la transparence tout au long de nos processus.

J’espère que ces quelques mots vous donnent un aperçu des Dialogues nationaux et de notre approche collective de ces journées. Les deux journées qui s’annoncent seront bel et bien révolutionnaires, car nous ouvrons la voie au changement dans notre secteur, nous démontrons nos valeurs et les mettons en oeuvre. Les échanges, les réflexions et les délibérations inspireront une charte nationale dont nous pourrions nous tenir responsables. Ce sera un moteur de changement vers une culture d’inclusion dans chaque volet de l’enseignement supérieur.

Je vous remercie d’être là aujourd’hui. J’ai hâte d’entendre vos délibérations, vos points de vue et votre sagesse et je suis très enthousiaste de me lancer avec vous dans la création conjointe de la Charte de Scarborough contre le racisme anti-Noir et pour l’inclusion des Noirs dans l’enseignement supérieur au Canada.

 

la coorganisatrice des Dialogues nationaux, Karima Hashmani,
directrice générale, Équité, diversité et inclusion, Université de Toronto

 


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